Top 10 des oeuvres cubaines

[22/02/2016]

 

Le vendredi c’est top! Un vendredi sur deux, Artprice vous propose un classement d’adjudications par thème. Nous nous arrêtons cette semaine sur les 10 oeuvres d’artistes cubains les plus chères aux enchères en 2015.

Les grandes maisons de ventes dédient des vacations à l’art latino-américain depuis des années (d’abord chez Sotheby’s, puis chez Phillips de Pury & Company et Christie’s), participant ainsi au rayonnement et à la revalorisation des artistes cubains. C’est donc à New York que sont enregistrés la majorité des meilleures enchères, mais ce classement révèle aussi un marché actif à Miami, avec la présence des sociétés de ventes Miami Auction Gallery et FAAM-Fine Art Auctions.

Top 10 des oeuvres cubaines en 2015
Rang Artiste Adjudication Oeuvre Vente
1 Felix GONZALEZ-TORRES 7 669 000$ Untitled (L.A.) (1991) 2015-11-10 Christie’s New York NY
2 Wifredo LAM 2 629 000$ Présages (1947) 2015-05-26 Phillips New York NY
3 Wifredo LAM 1 805 000$ Femme cheval (1950) 2015-11-12 Christie’s New York NY
4 Wifredo LAM 1 210 000$ Les Oiseaux Voilés 2015-05-26 Sotheby’s New York NY
5 Wifredo LAM 725 000$ La Barrière (1964) 2015-11-20 Christie’s New York NY
6 Dario VIEJO 692 664$ El Mutante (2012) 2015-12-15 Miami Auction Gallery Miami FL
7 Wifredo LAM 610 000$ Les Sabots et la Main (1966) 2015-11-19 Sotheby’s New York NY
8 Mario CARREÑO 605 500$ Danza de las máscaras (1943) 2015-04-23 FAAM-Fine Art Auctions Miami Miami FL
9 JOSIGNACIO 574 750$ The key of Success (2011) 2015-12-15 Miami Auction Gallery Miami FL
10 Tomás SANCHEZ 545 000$ Oír las aguas (1995) 2015-05-27 Christie’s New York NY
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Le grand gagnant est l’artiste Wifredo Lam (1902-1982) qui tient la moitié du classement. Sa domination parmi les cubains les plus performants aux enchères n’est pas étonnante en regard de son actualité (Rétrospective Wifredo Lam à Paris) et d’une reconnaissante internationale acquise de son vivant. En effet, après son adhésion au groupe des Surréalistes en 1940 à Marseille, Lam gagne la Martinique, Cuba, Haïti, et achève, en 1943, son premier chef-d’oeuvre, La Jungle, qui fera scandale lors de son exposition à New York en 1944, mais sera achetée par le MoMA l’année suivante (La Jungle est actuellement exposée au Centre Pompidou dans le cadre de la rétrospective de l’artiste).
Soutenu par le galeriste Pierre Matisse à New York, il multiplie les expositions dès la fin des années 1940 (Cuba, Etats- Unis, Suède, Belgique, Angleterre, France, Japon), expose à la deuxième édition de la Documenta, à la Galerie Maeght, ne cesse de voyager (Venezuela, Colombie, Brésil, Cuba, Italie, Inde, Afrique). Fervent défenseur de la révolution cubaine de 1959, il est considéré par Fidel Castro comme l’artiste cubain le plus important, et devient un véritable ambassadeur pour la peinture cubaine.
Tout en voyageant beaucoup, il établit ses bases à Paris dans les années 50′. Il y meurt en 1982, salué par les plus grands artistes de son époque, et consacré par une exposition au Musée d’art moderne de Paris un an plus tard. Les cinq résultats affichés dans ce Top répertorient des œuvres réalisées entre les années 1940 et 1960, vendues entre 610 000 $ et 2,6 m$. Vendue pour 2,6 m$, la toile Présages de 1947 se trouvait intégrée à une vente spéciale dédiée à latino-américain chez Phillips, dont elle était le chef-d’oeuvre absolue.

Né en 1957 à Guáimaro à Cuba, Felix Gonzalez-Torres n’atteint pas ses 40 ans. Il meurt en 1996 à Miami. Cet artiste américain d’origine cubaine, débute sa carrière dans les années 80′, époque de l’apparition du SIDA. Le cœur de son travail sera intimement lié à la fragilité de la vie. Ses œuvres sont de plus en plus prisées sur le marché et le fruit de l’année 2015 fut exceptionnel aux enchères avec plus de 7 m$ de recettes. L’une de ses installations constituée de bonbons posés à même le sol comme un tapis de prière s’est vendue au prix record de 7,6 m$ chez Christie’s (New York, le 10 novembre 2015). Le meilleur résultat de Felix Gonzalez-Torres a donc gagné 3 m$ depuis 2010, un phénomène lié à l’extrême rareté de ses installations sur le marché. Aucune n’avait été proposée en salles depuis 2013.

Dario Viejo (né en 1966) est un nouvel arrivant dans le classement des meilleures adjudications. Soutenu par des galeries et collectionneurs américains (notamment à Miami), son marché se réveille avec un résultat annuel record de 1,1 m$ d’oeuvres vendues en 2015 contre 117 800 $ sur l’exercice précédent. Dario Viejo fait mieux que Mario Carreño (1913-1999), surréaliste cubain dont les œuvres sont pourtant mieux connues en salles de ventes (environ 910 000 $ de volume d’affaires en 2015). L’artiste a d’ailleurs dépassé le seuil millionnaire à deux reprises dans le passé (en 2007 et en 2009).

Célèbre à Cuba et à Miami, Josignacio (né en 1963) commence à faire parler de lui aux enchères sur la cote Ouest américaine depuis 2014. Le résultat emporté l’année dernière pour sa toile bien-nommée Les Clefs du Succès est le troisième à passer le seuil des 500 000 $ depuis 2014. Quant à Tomás Sanchez (né en 1948), il clôt le classement grâce à une vente conclue pour 545 000 $ en mai 2015 chez Christie’s New York, pour une grande acrylique sur toile de 1995. Ce n’est pas le record absolu de Sanchez, qui culmine à 653 000 $ depuis 2014 (Meditador y laguna escondida en el bosque, Sotheby’s New york, le 24 novembre 2014). Son indice de prix poursuit une progression fulgurante, avec 280% de hausse depuis l’année 2000.

Les prochaines ventes dédiées à l’art latino-américain se tiendront en mai 2016 à New York : le 24 mai chez Sotheby’s et chez Phillips, puis les 25 et 26 mai chez Christie’s.