En Bref : Collection Petiet – Collection Grange – 12 Claudel préemptés

[01/12/2017]

La provenance des œuvres a joué en faveur de la dernière dispersion Petiet qui s’est tenue les 25 et 26 novembre 2017 à l’Opéra-comique de Paris, sous la responsabilité de la maison de ventes Ader Nordmann. Après 25 années de ventes, cette cinquantième et dernière dispersion de la collection Henri Petiet a attiré les marchands et collectionneurs venus de Londres, Berlin ou New York. Clou de cette ultime vente, La suite Vollard de Pablo PICASSO est partie selon les prévisions pour 1,9m€. Considéré comme le chef-d’œuvre gravé de Pablo Picasso, chaque jeu complet de la Suite Vollard – comprenant 100 épreuves – est un Graal que se disputent les meilleurs musées : le Bristish Museum en possède un jeu complet (d’ailleurs issue de la collection Petiet), ainsi que la National Gallery à Washington, le MoMA de New York et le musée Picasso de Paris. Fait rare, les 100 estampes de la Suite vendue chez Ader étaient toutes signées de la main de Picasso.

Parmi les 622 lots offerts sur les deux jours de vacation, les estampes de Gauguin, Degas, Matisse ou Daumier ont doublé, voire triplé, des estimations volontairement basses et attractives, tandis que certaines épreuves sont demeurées dans des gammes de prix tout à fait abordables. Plusieurs feuilles signées Maurice DE VLAMINCK, Guérin ou Antoine Louis BARYE se sont en effet échangées pour moins de 500 €. L’occasion de s’offrir un petit morceau d’histoire tant le label Petiet est une provenance de choix dans l’histoire de l’art moderne.

Collection Grange : le record de Lalanne

Autre collection de prestige, autres résultats forts… La dispersion d’une partie de la collection du décorateur et architecte français Jacques Grange a tenu ses promesses les 21 et 22 novembre chez Sotheby’s à Paris. Le résultat global de cette ventes affiche en effet 28,38 m€, et des résultats explosifs par rapport aux estimations initiales.

Grand amateur de François-Xavier LALANNE, Jacques Grange a cédé plusieurs pièces importantes de l’artiste dont une paire de mouton partie pour 1,56 m€, soit au double de l’estimation haute ; un petit rhinocéros mécanique cédé 381 000€ ; un fauteuil-oiseau pour 345 000€ ; un étonnant secrétaire en forme de brochet estimé 70 000 € et finalement acheté pour 489 000 € et, surtout, Les autruches bar estimé un million s’est finalement envolé pour 6,19 m€… Il s’agissait de l’un des six Autruches-bar existant, une pièce majeure en porcelaine blanche dont un exemplaire orne déjà les collections de la Manufacture Nationale de Sèvres et un autre le Palais de l’Elysée à Paris. Cette vente marque un nouveau record mondial pour Lalanne dont l’indice de prix affiche une progression fulgurante : 100 $ investis en 2000 dans l’une de ses oeuvres valant en moyenne 1 069 $ (+ 969 %) aujourd’hui.

Autre record à signaler avec la vente d’un fauteuil en acajou de 1947 réalisé par Alexandre NOLL. Sous le numéro 4, le lot majeur de Noll arrivait accompagné d’une estimation haute de 600 000€ pour faire tomber le marteau à 150 000 € de plus, soit un résultat final de 909 000 € frais acheteur inclus… Grâce à ce nouveau record, 2017 est la meilleure année de l’artiste en terme de produit de ventes. La collection Grange comptait également des œuvres de Picasso, Matisse, Miro, David Hockney, Alberto Giacometti, Donald Judd ou encore Damien Hirst, pour lesquels les résultats sont tous particulièrement positifs.

Douze œuvres de Camille Claudel préemptées

Camille CLAUDEL est définitivement sortie de l’ombre de son mentor Auguste Rodin avec les nouveaux sommets emportés à Paris. Le 27 novembre dernier, la société française Artcurial mettait en vente 20 oeuvres issues de la collection Massary, les héritiers directs de Camille Claudel. Au sein de cet exceptionnel ensemble, le dernier de cette importance encore en mains privées, 17 œuvres de Claudel était particulièrement attendues par les collectionneurs mais aussi par plusieurs musées déterminés à acquérir des pièces sous cette provenance idéale. Au final, 12 œuvres ont été préemptées par six musées (dont quatre par le musée Camille Claudel de Nogent-sur-Seine) et cinq œuvres rejoignent de nouvelles collections particulières. Cette préemption de 12 œuvres est un signe évident de la reconnaissance institutionnelle de Camille Claudel en tant que figure majeure de la sculpture moderne, d’autant plus que les œuvres ont été payées au prix fort. Trois records mondiaux ont d’ailleurs été battus : record tout d’abord pour un plâtre avec La petite Châtelaine à la natte courbe estimé 70 000€ et disputé jusqu’à 390 000€ au marteau (vendu au prix record de 492 600€ frais inclus). Record également pour une terre cuite de l’artiste avec l’Étude II pour Sakountala, elle-aussi attendue au mieux autour de 70 000€ pour atteindre 467 800€ frais inclus. Record enfin pour un pastel de Claudel avec le délicat Portrait de Louise Claudel (Madame de Massary) cédé 117 000 €, au double de l’estimation.

Le succès de cette vacation renforce le positionnement français face au Royaume-Uni sur le marché de Claudel, d’autant plus qu’un résultat millionnaire était emporté en juin dernier pour La Valse, vendue 1 463 200 € par la maison de vente Rouillac à Montbazon… Jamais auparavant Camille Claudel n’avait tant fait vibrer le marché de l’art français.